vendredi 24 février 2017

L'infirmière arrive avec des yeux prêts à sortir des larmes en trois clignements, des yeux de qui a perdu quelqu'un de malade de parti pour de bon et qu'on a enterré, quelqu'un qui fait tout couler depuis, qui n'est pas là pour dégainer son mouchoir. Quelqu'un qui prendra d'abord toute la place dans l'esprit, éparpillera des petites choses pour rappeler sans qu'on donne l'accord. Quelqu'un qui bientôt perdra sa voix qu'on arrivera même plus à recréer dans l'oreille, grave aigu, aucune variation, puis plus de petite voix, ça se sera rendu muet. Après ça sera l'évaporation du corps du visage, en ne laissant rien que des pensées invisibles pour boursoufler au bord des yeux. Des visages, j'en invente dans ma tête, des yeux des bouches des nez, tout pour me donner à voir du crédible et que ça tienne debout. Les visages, je les fais tomber malade jusqu'à ce que les yeux se ferment à un moment avec la mort. Ça me fait glisser des larmes, ça me fait du bien comme enlever avec la langue un morceau coincé entre deux dents. On se sent enlevé d'une chose gênante, pareil pour les gens malades parce qu'au début on se doit de les aimer, les soutenir mais ça commence à faire de vrais maux de les voir changer. On se dit je le reconnais pas, c'est pas celui ou celle. La mort, elle arrive en préparant son petit terrain. La mort qui rend tout chose tout pâle tout crevasseux, dépose des taches et que ça commence à se voir. La mort met des chats dans des gorges puis de la caillasse tout un tas de choses gênantes pour donner toux grasse. Moi même j'ai la crevasse palote, c'est que ça ne devrait pas tarder. Après, il s'agit de cracher de l'invisible jusqu'à se décoller les parois, fermer les yeux jusqu'à y trouver une lumière, c'est le signal. Il faudra composer avec des temps passés désormais. On pose deux doigts sur les paupières, deux mains l'une sur l'une pour les prières ou on pleure à s'en faire des œdèmes on s'écroule on aimerait voir des lumières aussi mais on est incapable de voir autre chose qu'un corps presque plus tiède trop flétri fruit sec pruneau ou on se tait et on baisse la tête. Un jour ou l'autre, le visage ira hanter d'autres regards, la voix se trouver d'autres oreilles. 

lundi 6 février 2017

Un oiseau se jette contre la vitre pour annoncer qu'il y aura toujours des vitres. Je fais des rêves de vitres, d'oiseaux, de vitres jetées contre des oiseaux, des rêves dans lesquels je veux me jeter mais on me retient on m'étrangle avant de me jeter complètement parce qu'il n'y a plus d'intérêt à m'empêcher de faire si je suis déjà trop étranglé pour. Je fais des rêves de moi oiseau mais à chaque fois il y a une vitre pour m'étrangler il y a un réveil qui sursaute, des douleurs au niveau de l'étranglement ou bien au niveau des ailes ou bien au niveau de tout ou bien pas assez de douleur et ça me rendort et ça refait pareil, à me réveiller alors que c'est pas encore vraiment l'heure de. Alors, je me parle dedans assez fort pour m'entendre penser qu'il y aura toujours des vitres.