lundi 28 novembre 2016

C'est une ville ici ou ailleurs. C'est une ville dans laquelle il y a des gens qui croisent d'autres gens qui s'entassent dans des endroits remplis de gens, des endroits plein de gens immobiles ou de gens en mouvement, des gens qui attendent, des gens qui ne font rien, d'autres gens qui font trop de choses, des gens qui boivent avec des gens servis par des gens payés pour servir ces gens et les autres gens aussi, des gens qui passent devant ces terrasses et je suis l'un de ces gens qui marchent au milieu des gens, derrière des gens, devant des gens et j'ai un visage aussi comme tous les autres gens mais personne n'y fait attention.
Ici comme ailleurs.

Tous les gens s'en foutent de ce à quoi peut ressembler mon visage. 

vendredi 11 novembre 2016

Il s'arrêta devant le spectacle
De la mort du jour.
Entre deux immeubles haussmanniens
Le soleil éventrait le ciel
L'orange se répendait comme le jaune
De l'oeuf troué
Et le rose, le rouge, le violet
S'entremêlaient
Dans cette toile
Qu'aucune main n'aurait pu peindre.

Une beauté indicible.

Il tâta la poche de sa veste
Son téléphone n'y était pas
Alors
Il baissa la tête
Le ciel n'ayant plus d'importance
Et reprit son chemin.

lundi 7 novembre 2016

Ce matin, j'ai pris le train
En direction d'un énième
Nulle part
Vides ma tête et le wagon
Dans lequel je larvais
Vide le wagon
à l'exception
D'un homme assis en face de moi
Un homme que je n'avais pas vu
Un homme que je n'avais pas voulu voir
Parce qu'il etait
Le reflet
De ma solitude

Un homme que je n'avais pas vu
Que je n'avais pas voulu voir
Parce que c'était
Moi
Cet homme.

jeudi 3 novembre 2016


NOSMURS


« Tu étais assise dans le canapé avec tes yeux de rupture, les miens ne savaient pas trop, je voulais te faire croire que je ne m'y attendais pas, je t'ai regardée pour compatir mais y avait le mur derrière le mur noir comme les autres murs, les murs tachés humides, tes yeux humides aussi je ne voulais pas que ça se passe comme ça parce que le mur derrière on aurait déjà dû le repeindre et puis l'appartement on aurait dû le quitter avant on aurait dû se quitter avant toi et moi,
toi et moi, ça ne donnait plus rien et moi,
moi j'étais ailleurs tout le temps, les murs avaient été blancs avant qu'on se mette ensemble
tout de suite tu avais emménagé tu t'étais approprié le lieu, tu te l'étais accaparé et puis moi,
moi avec, moi je croyais que j'étais heureux je croyais que ça n'avait pas d'importance que les murs noircissent qu'on les salissent
de nos respirations
de nos transpirations
de notre activité entre ces murs qui ne signifiaient rien
on disait notre chez nous c'était nulle part c'était une chambre de bonne insalubre que j'étais le seul à payer, toi
toi t'avais autre chose à faire de ton argent toi tu disais qu'on avait fait un deal,
notre passion m'aveuglait jusqu'à en oublier les murs pourris par nos engueulades,
enfin tes engueulades tes insultes quand je me taisais moi je parle tout le temps pour combler le silence pour ne rien dire pour parler quoi sauf quand il faut justifier tout justifier
j'en oubliais ton sourire innocent j'en oubliais tes mains sur mon corps
tu te torturais pour me montrer le mal tout le mal que je te faisais en ne faisant rien
j'étais comme ces murs qu'on avait dégradés,
il pleuvait toujours plus à l'intérieur qu'au dehors
dehors c'était autre chose
dehors y avait pas de mur
dehors y avait pas toi
et tes yeux de rupture
tes yeux qui me voyaient monstre tes grands yeux noirs de haine et d'amour en fuite
tes yeux qui me faisaient mal tout le mal que je te faisais et plus encore
tes yeux du déjà trop tard pourtant
dehors c'était pas tout à fait une nuit y avait c'est vrai les rectangles orangés lumineux de l'autre côté de la rue avec les gens dedans fatigués et lents les réverbères en bas qui n'éclairaient pas grand chose l'épicier et puis ses fruits qu'il fallait ranger mais
dehors c'était pas tout à fait une nuit
c'était pas tout à fait trop tard
j'ai pensé que la nuit allait blanchir les murs réparer apaiser tes yeux de rupture
j'ai passé toute la nuit à penser à ça à ce qu'elle allait pouvoir faire à ma place, la nuit
j'ai passé toute la nuit dans le lit du haut seul à me croire déjà libéré et seul alors que tu étais en-bas et puis que tu ne savais pas que la rupture
allait quitter tes yeux
pour repeindre nos murs...

mercredi 2 novembre 2016

Charles
de Gaulle
Étoile
Rer A
Ils ne m'évoquent pas grand chose
Ces murs gris de marbre
Ces sièges durs durs durs
Ces criardes affiches publicitaires
Ces gens qui attendent
De se faire
Avaler puis
Recracher
Ailleurs
Ces caméras tendues, dressées comme
Des queues
Ils ne m'évoquent rien de plus
Qu'une nuit où ce micro-monde tournait
Autour de moi
Et
Où,
j'ai vomi dans un coin, à l'abri des
Queues.