jeudi 5 janvier 2017

Troisième rêve de pièce
La pièce vide 3

Je suis immobile devant l'unique fenêtre, dans la pièce vide. Ce n'est plus tout à fait pareil car il y a un arbre derrière cette fenêtre, un seul arbre posé là au milieu de rien. Ce n'est même pas tout à fait un arbre car d'abord, je ne remarque qu'un tronc, un large tronc sans branche pour l'orner. Un large tronc qui aurait également pu être un poteau si, alors que je me suis concentré quelques instants pour mieux le voir, il n'y avait pas eu cette branche, aussi fine qu'un long fil de couleur sombre. Mais il y a bien cette branche et, devant moi, à une dizaine de mètres de la fenêtre, il y a bien un presqu'arbre qui se dresse. Si je pouvais me concentrer davantage, je distinguerais chaque nervure sur le tronc, chaque chemin dessiné, chaque aspérité tapissée de mousse, chaque embryon de branche, chaque imperfection et chaque perfection qui font ce qu'est ce presqu'arbre. Mais cette chose qui me gratte au niveau du cou détourne bientôt mon attention, je baisse les yeux pensant pouvoir constater, oubliant que personne ne peut voir son propre cou sans aide extérieur. La fenêtre ne me reflète rien d'autre que l'image de ce tronc et de la branche au bout de laquelle semble prendre un autre fil que je n'avais pas remarqué ou qui est apparu pendant que je cherchais à constater mon cou. Ce n'est même pas tout à fait un fil mais peut-être bien une corde. Ce n'est même plus toute à fait une simple gène mais une douleur qui s'enroule, c'est comme s'il y avait des mains, comme si je n'allais bientôt plus pouvoir respirer, comme si ces mains étaient les miennes que je sens pourtant à leur place habituelle, collées le long de mon corps, c'est comme s'il y avait un boa mais il n'y a que moi dans cette pièce vide, devant l'unique fenêtre, face au presqu'arbre. Au bout de la corde accrochée à la branche, un nœud. Et la douleur m'étouffe avant que je ne remarque que mes pieds ne touchent plus le sol. Je lance mes bras au-dessus de ma tête et ne trouve rien, je brasse l'air un instant, mes muscles s'engourdissent, et tout retombe mollement. Mes cervicales cèdent quand je lève les yeux et vois au bout de la corde, prisonnier du nœud, cette tête qui est la mienne.