L'infirmière
arrive avec des yeux prêts à
sortir des larmes en trois
clignements, des yeux de qui a perdu quelqu'un de malade de parti
pour de bon et
qu'on a enterré, quelqu'un qui fait tout couler depuis,
qui n'est pas là pour dégainer son mouchoir.
Quelqu'un qui prendra d'abord toute la place dans l'esprit,
éparpillera des petites choses pour rappeler sans qu'on donne
l'accord. Quelqu'un qui bientôt perdra sa voix qu'on arrivera même
plus à recréer dans l'oreille, grave
aigu, aucune variation, puis plus
de petite voix, ça se sera
rendu muet. Après ça sera l'évaporation du corps du visage, en ne
laissant rien que des pensées invisibles pour
boursoufler au bord des yeux. Des
visages, j'en invente dans ma tête, des yeux des bouches des nez,
tout pour me donner à voir du crédible et que ça tienne debout.
Les visages, je les fais tomber malade jusqu'à ce que les yeux se
ferment à un moment avec la mort. Ça me fait glisser
des larmes, ça me fait du bien
comme enlever avec la langue un morceau coincé entre deux dents. On
se sent enlevé d'une chose gênante, pareil pour les gens malades
parce qu'au début on se doit
de les aimer, les soutenir mais ça
commence à faire de vrais maux de
les voir changer. On se dit je le
reconnais pas, c'est pas celui ou
celle. La mort, elle arrive en préparant son petit terrain. La mort
qui rend tout chose tout pâle tout crevasseux, dépose des taches
et que ça commence à se voir. La mort met des chats dans des gorges
puis de la caillasse tout
un tas de choses gênantes pour
donner toux grasse. Moi même j'ai la crevasse palote, c'est que ça
ne devrait pas tarder. Après, il s'agit de cracher de l'invisible
jusqu'à se décoller les parois, fermer les yeux jusqu'à y trouver
une lumière, c'est le signal. Il
faudra composer avec des temps passés désormais. On
pose deux doigts sur les paupières, deux mains l'une sur l'une pour
les prières ou on pleure à s'en
faire des œdèmes on s'écroule on aimerait voir des lumières aussi
mais on est incapable de voir autre chose qu'un corps presque plus
tiède trop flétri fruit sec pruneau ou on
se tait et on baisse la tête. Un jour ou l'autre, le visage ira
hanter d'autres regards, la voix se trouver d'autres oreilles.
vendredi 24 février 2017
mercredi 15 février 2017
lundi 6 février 2017
Un
oiseau se jette contre la vitre pour annoncer qu'il y aura toujours
des vitres. Je fais des rêves de vitres, d'oiseaux, de vitres jetées
contre des oiseaux, des rêves dans lesquels je veux me jeter mais on
me retient on m'étrangle avant de me jeter complètement parce qu'il
n'y a plus d'intérêt à m'empêcher de faire si je suis déjà trop
étranglé pour. Je fais des rêves de moi oiseau mais à chaque fois
il y a une vitre pour m'étrangler il y a un réveil qui sursaute,
des douleurs au niveau de l'étranglement ou bien au niveau des ailes
ou bien au niveau de tout ou bien pas assez de douleur et ça me
rendort et ça refait pareil, à me réveiller alors que c'est pas
encore vraiment l'heure de. Alors, je me parle dedans assez fort pour
m'entendre penser qu'il y aura toujours des vitres.
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